Tranches de vie, mdr

par Eugénie Zély

INTRODUCTION

Gilles dit : scorpion… c’est terrible, j’ai eu 2-3 expériences avec des scorpions, hommes et femmes, en amitié ou en amour.
Gilles dit : ce sont des gens qui ont deux faces très marquées : ils ont un côté très noir et très manipulateur que je n’aime pas.
Gilles dit : je n’ai pas confiance.
Je dis : attention ça brûle
Patricia dit : les flics et la famille c’est pareil. (1)

 

(1)
les gens ne veulent pas être libres
– mes parents veulent me garder
– tout le monde veut une petite prison
– l’amour ça va, ça vient

 

PREMIÈRE PARTIE

Gilles dit : j’ai vu le soleil en bas de l’escalier.
Je dis : dans le Berry et à la télévision, en même temps.
Gilles dit : parle plus bas, mais parle encore.
Je dis : le monde n’est pas près pour nous.
Gilles dit : vous ne trouvez pas qu’elle est belle?
Je dis : mais qu’est-ce que vous racontez : elle est morte.
Gilles dit : quand je te vois comme ça, chérie-mon-amour, j’ai envie de te serrer.
Je dis : quelqu’un est tabassé.
Gilles dit : les larmes épaississent les cils de l’homme.
Je dis : je t’aimerai jusqu’à la fin des temps.
Gilles dit : je ne suis pas sûr que l’éternité n’invite pas au fascisme. (2)

 

(2)
– balayer
– fermer
– partir

 

DEUXIÈME PARTIE

Patricia dit : tu vois que c’est une faute.
Gilles dit : il s’est fait plaisir et c’est le plus important.
Gilles dit : là, tu as fait un concept.
Je dis : peut-être as-tu raison de pleurer.
Gilles dit : comment ne pas trouver cette proposition séduisante.
Je dis : comme ton feu me crame. (3)

 

(3)
– il y a des endroits, des jardins, des vues : qui valent la peine
– tout me manque
– enfin non
– des choses du sens : me manque
– non : je me manque à ce moment-là

 

TROISIÈME PARTIE

Je dis : il y a beaucoup de gens qui mettent le feu à des fleurs, à des bouquets.
Je dis : j’en crève que la mort guette partout et que nous vivions sans joie dans des îles entourées de murs.
Je dis : vous n’avez pas peur?
Je dis : ah, très bien.
Je dis : le bouquet en feu c’est la fleur déjà morte : tuée à nouveau. (4)

 

(4)
– non, je n’y pense pas
– Quand j’y pense ça me met mal à l’aise
– après, je ne peux pas vivre
– je ne peux plus voir la mer
– l’horizon est une image
– il n’y a pas d’horizons corrects, de vues correctes
– les vues sont mortes
– et je me mets à avoir peur de devenir : aveugle

 

CONCLUSION

Gilles dit : tu arrêtes d’avoir froid quand tu comprends qu’il y a une source de chaleur.
Je dis : c’est inconcevable que ça s’arrête. (5)

 

(5)
– pas de violence dans le refus
– que des petits empêchements

 

[Eugénie Zély est née en 1993, elle vit en Vendée et est actuellement en train de finir son master de Création littéraire au Havre et sa première année de master à l’École des beaux-arts de Nantes. Elle réfléchit à la littérarité de la parole et à la plasticité du langage et les fait coexister par la performance et l’édition numérique: https://eugeniezely.hotglue.me/?MAISON. L’un de ses textes paraîtra prochainement dans le n°18 de la revue Nioques.]