par Julien Beaupré
je marchais
vers quel
que chose
dequoi mais là
je marche
même pu
maudit criss
j’t’au boute
du corridor
à boute
de mémoire
qu’est-ce que je tabarnaque icitte
bienvenu
merci
toissi
tant qu’à y être
aussi ben
prendre
non pas celle-là
la chambre
avec le lac dedans
celle
du paquebot géant
cils feutrés
jambes à l’air
poudré
des plans que j’oublie
mon trou-j’allais-où-de mémoire
tant pis
autour de moi lémurs s’improvisent chenilles
et ces gluanteurs
marchent
sur
l’eau du paquebot à venir de son son
grave et à l’horizon tapissé du deuxième étage submergé de mon cerveau
le pédalo couvert de cocons
mon transport
immobile
par l’absence de pied sur son lui-pédale
mais aussi
par
le brake
à pieds
l’eau
bestiole
les branches
en troncs d’épinette
le sable aussi
c’est pas creux et hop
voyage dans la chambre à coucher jusqu’au matin où j’aurai l’envie d’hier de m’en
retourner pied nu sur le deck enneigé de ma vision d’à travers les
vitres de ma ville
pas impossible
voir si je me serais pas oublié en arrière
si
je me verrais pas en travers
des murs de la motel-maison-nacelle et hop
mais en attendant
le retour du gypse
un
homme-grenouille
vulnéraire
et
cacochyme
rôde
dans l’anomie des corps noyés de l’océan-mur
sous mes pieds propulsés d’eux-mêmes
en plan Z
et non ce n’est pas lui mais l’autre
cette
duplicité de fond d’immeuble
[Julien Beaupré est né dans la région du Témiscamingue et étudie aujourd’hui la littérature à l’Université McGill. Ce qui veut dire qu’avant d’écrire, il conduisait des tracteurs, mais peut-être que non aussi.]