par Maude Pilon
Même si l’eau trace par cœur, à côté du poumon commence une respiration différente (la forme surprenante de la relève). Mais le nom ne prend possession de rien, non plus d’un pont. Notre enfance sérieuse, le terrassement. Plus tard, un front mat entre parmi nous, c’est une post-insertion. Que signifie être un corps à l’époque anti-monument. La fin s’éprouve dès le moment de son anticipation. Nous nous soutenons sans jamais en venir au dernier réchauffement.
La cerise impossible à dénoyauter. Nous rapportons la matière rose. À quoi bon piquer les peaux (ils cherchaient à extirper le démon des fées). Car la langue est insuffisante. Il faut nous donner les moyens de boire. Dans notre groupe, nous nous concentrons à tout refaire à partir du sol. Nous observons le vol de l’oiseau qui comprend deux phases ; le battement d’ailes et la pause. Nous préservons les branches nécessaires à nos ascensions, nos guerres en tous genres. Les arbres sont fermes.
Qu’est-ce que contribuer à la reproduction de l’espèce (les arbres à fruits fleurissent quand même). Nos utopies défectueuses et corporelles. Nous accouchons ensemble, adroitement, dans nos pièces ouvertes, l’autre arrive. L’agencement de nos colliers, ce sont des ajouts intérieurs. Nous ne tourmentons plus personne ni par l’amour ni par la haine. Les courbes et nos rassemblements, nous pullulons d’histoires. Nous jouons à la germination.
[Maude Pilon (1983) est peu panoramique, mais elle attend. Elle manœuvre dans divers contextes artistiques, littéraires, collaboratifs, performatifs et en résidence. Son travail prend la forme de livres, d’objets imprimés et de lectures arrangées. Ses textes sont publiés en revues (Estuaire, Watts, Tripwire, Moebius, Le Sabord) et chez des éditeurs (Les Herbes rouges, Éditions Squint, Le lézard amoureux, Dare-Dare) au Québec, en France et aux États-Unis.]