par Alice Bergeron
la violence ne se dit jamais bien
elle n’a pas la complaisance des heurts imaginés
son écorchure est tout sauf trendy
ma langue se rappelle
le goût de tes terres brûlées au printemps
Kahnawake dans la courbe avant le cimetière des animaux
entre les hautes herbes
l’œil de ton Smith & Wesson avait parlé à mes yeux
38 fois plutôt qu’une
j’ai foutu le camp
mon white privilege
coincé entre les jambes
j’avais confondu l’errance et l’erreur
c’était le début d’un nowhere
où il me semblait suffisant de mettre
un pied devant l’autre
pour que la Terre me reconnaisse
le tabac que tu me vends
on ne le fumera pas ensemble
pourtant
tes graminées me tendaient les bras
[Née à Léry, Alice Bergeron s’intéresse aux phénomènes ordinaires et extraordinaires de la vie. La poésie est pour elle un acte de présence radicale et un comportement à risque. Artiste interdisciplinaire, performeuse, sa pratique allie l’art action, le mouvement et la mise en écriture de l’espace et du temps. Son premier recueil de poésie, Désordinaires (2014), a été suivi de quelques publications ici et là, en français et en anglais dans Cavale, Le Crachoir de Flaubert, Laïus, Le Mouton Noir, PØST, entre autres.]