Sans titre

par Jos Garnier

crissement des nombres impairs sur la corde du temps asphyxie nettoyante pour verbale pensée d’un ruban aligné sous couche de turpitude magnifique les élans s’enfoncent au profond des rigides hallucinations explosion cicatricielle qui se surpassent ne peuvent se retenir de geindre en gouttelettes fléchées la métaphorique odeur de mûre se lacère et pénètre en transversal châtiment ce serait pour parvenir enfin à se redresser titube cependant deux pieds s’enchaînent à lourde paroi d’ébène accroître l’impression en flamme torsadée on s’éclaire à peine dans cette longue attente tout au bout chemin en patte d’oie signée conciliabule déclin aux membres de plomb vers où se dirige-t-on l’haleine rentrée par force scission d’un avenir radieux je procède par paliers oxygénation déstabilisée aux permanences informes vigueur sur planche à vide relier les traces moribondes comme cercle circassien s’enclenche le rythme de vie et soustraire encore à l’envers des paumes rétracte en silences déboussolés de nuances amères le pli se retrouve toujours au-delà du bestial arraché en pente pleine une langue peine à s’extirper du sommeil glisse sous la gouache de brume et file se blottir entre les wagons d’osier comment se muer sans en perdre les miettes épines on écoute pourtant le blanc décousu à même la peau pince au bout des ongles maculés de rien il est pourtant un lointain désir plate vision finie détours aux arabesques grignotées ou sucées avec l’échec des matins pluvieux ça rue plus que la raison se cabre les sabots s’envolent se calquent d’infimes liens noirs ou entremêle rigueur du dire comment on va faire encore ce jour puis l’autre sans se tenir d’aucune main ni sur pied instable hymen arraché en traîne vie ça pend tout du long veine anémiée de silicone inversé joli spectacle acousmatique pour pleureuses enfournées tête à ras de terre langue dirigée vers le haut lèche ciel animal scission comme en retour d’aubaine sèche

 

[Son antre se trouve depuis quelques années sur un petit chemin au pied du parc du Vercors. Lectrice à domicile, comédienne, elle conçoit au sein de la compagnie qu’elle co-fonde des spectacles dans lesquels s’entremêlent plusieurs disciplines. Elle s’intéresse parallèlement et depuis toujours au langage du corps à travers la danse et découvre l’univers du butô. Les mots des autres et ses propres mots la maintiennent à la verticale… Ses textes paraissent dans quelques revues (La Terrasse, Chats de Mars, Traction Brabant, Festival Permanent des Mots, Carrés Poétiques, Les Impromptus, Ornata). Vertige, son premier recueil de poésie, est publié aux éditions Tarmac en octobre 2018.]