par Aurélie Thibault
Nos vies seront aussi longues
que le couloir brandé
d’un centre d’achat
l’identité forgée de sept lettres
et d’une campagne propagande
de compagnie de marketing
s’inscrire à même la répétition
d’une chemise à l’étiquette coupée
un personnage de dessin animé
en dessous le corps s’use mon nom est une
vague
qui sonne comme une chanson à répondre
de camp de jour insupportable
le ressac se fracasse
se restreindre à être
une consonne sourde aux dents serrées
un numéro d’employé
parlant le langage des coins de rue
explique-moi mes silences
sur le balcon 4e étage
un soleil-lumière de plus
en observant l’arrogance des rues
résonne l’urbanisme parfait
de nos îlots de chaleur
mesure de haut la taille de la ville son énervement
tu serais une casserole bouillante
rouillée au cockpit
heille ma cabine de pilotage as-tu des airs
de tous mes vertiges réunis ?
écoutons la boîte noire
ce qui n’a jamais été dit
avant qu’on déclenche
la preuve du contraire
on y crie des choses
qui ne s’épellent pas
dans une peur daltonienne
de l’alphabet
pendant que je rattrape
ces syllabes au vol
comme des bulles de savon ou
un monarque en voie de disparition
je veux dire un enfant né en 2015
ses rêves haut les mains
rue Ontario.
[Aurélie préfère écrire en mauve et en gris. Il y a d’une part l’intimité, et de l’autre, la dépression. Des situations singulières et des moutons de poussière. Tellement qu’on pourrait finir par croire en trois choses: l’éloquence des épingles à couche, la trajectoire définie des frissons et l’identité des pannes de courant. Elle s’intéresse à la guérison, à la ligne fine entre la banalité et la magie et aux sonorités en tant que ponctuation et insistance d’un regard féminin. Elle a publié dans la revue Les Éphélides, au collectif Le Bestiaire et prochainement dans la revue Moebius.]