Me désherber les pores

par Marion Moreau

Visage vampirique imprimé sur le mien.
Les muscles à l’intérieur des joues, les plis aux coins des paupières.

Identiques.

Retourné les miroirs, fui les objectifs. Indice cinquante et eau oxygénée.
Arbre généalogique brûlé par la rousseur factice.
Gommé la filiation, nié le métissage.
Noyé l’amour de mon île dans la haine de lui.

Porté sur ma nuque la culpabilité.
Le lierre de la honte cramponné aux vertèbres.
Et le cœur battant encore.

Double peine.

Il en aura fallu, des mains d’amis tendues pour défricher mes entrailles.
Me désherber les pores.
Pour découvrir enfin que derrière son visage, il y avait le mien.

***

[Après quinze déménagements, un master de création littéraire à Toulouse et un 1er prix Nougaro pour sa nouvelle “Et enfin marcher un jour d’été”, Marion Moreau pose ses valises sur les falaises d’Édimbourg. Elle y expérimente musique, poésie, vidéos, performances de drag, roman et nouvelles.]