je ne tue plus les mouches

par Arnaud Lepoutre

je ne tue plus les mouches qui frappent leur corps à l’aveugle contre les vitres givrées de mon appartement

j’ai un trou au lobe frontal
une glissoire pleine
de statique
qui mène au fin fond de mes boyaux

c’est là où je t’ai rangée
compressée entre un rein et ma colonne d’invertébré

pas plus gros
qu’un pois sec qui suce
la moelle
de nos moments
partagés-repartagés

un consommé
de nos tissus
cutanés
qui s’imbriquaient dans une perfection coutumière

l’idée d’effleurer ton nombril de la lèvre nécessite un traitement de canal carotidien

je ne tue plus les araignées
non plus
pour me sentir moins seul en rentrant

.

[Amoureux des lettres et de tout ce qui s’y raccorde, Arnaud Lepoutre enseigne la littérature au niveau collégial depuis plusieurs années sans jamais laisser de côté ses petites bêtes de création qui le rassurent sur la beauté du monde qui reste à construire.]