par Frédéric Goulet
Amours nordiques
et aventures suantes. Deux pôles pareils
qui, comètes, préludent les mêmes fatalités
chez moi.
Sous forme de peau cyanosée, gelures
ou coups de brûlures du jaune d’œuf
céleste, le corps miroite, de motifs lymphatiques
à cutanés, un manque de par-devers
toi ou un autre. Le mouvement orbital
du globe met ses pas dans les miens. Une Danse.
Passage de saisons.
Mes échecs airains ou élavés suivent
une suite corolaire : proies vénéneuses
que je braconne en saison, leurs peaux
furieuses qui me chassent d’invectives en meutes
et les fauconneries promises. Été ou hiver
mes cris au loup se vouent à contrecarrer la véracité
du conte. Equinoxe blanc et solstice doré s’immolent en songes
gluants d’idées génésiques,
songes transis par la simple moelle
d’une nuit. Tondre mes attentes douces
toutes en agneaux, ébarber ma couleur neige-blanche
au beige, retrouver les fissures
de mon canevas et les farcir d’avalanches.
Parasite libération.
Croiser les doigts de jours bourgeons,
mouiller l’encens, que la fumé fraise prenne son temps
ou ne naisse jamais. Souhaiter le retour vestiaire tapissé
cadavérique, ocre, des crevassés pyrotechniques.
Mon nom est quelque chose,
dans mon gris-gris, du grenat
quel signe que je fais, capricorne
tendances au pugilat. Ganté de ceste,
collapsus immédiat, chaîne réactionnaire
d’un clap-clap détonnant
dans l’arène de l’amoureux aboyant.
Et toi et
nous et lui.
Il m’a fallu une continuité infinie
pour atterrir
et toi
toi
en fait toute ma vie
jusqu’à maintenant
et lui
lui.
Monnaie d’échange projet resté en page
blanche et toi et nous et moi,
saisis et lance une pièce
voilier, castor ou cerf
mire de quel côté de cette image
je tombe :
les rues enneigées
en hiver sont des folles condamnées
mais les rivières gèlent
et sont plus grandes encore. Patinant,
nos six degrés de séparations se comptent
à
rebours. T’es plus proche
ou plus loin
en hiver.
Je sais plus.
[Frédéric Goulet est un comédien, auteur et metteur en scène qui s’est intéressé à l’écriture avant tout par la dramaturgie et des pièces de théâtre. Fortement influencé par ce genre d’œuvres (qui sont bien plus littéraires qu’on ne le pense), sa démarche s’attarde surtout sur le côté prosodique d’un texte et le rythme de la parole qui s’en dégage. “hégire d’hiver” est sa première publication.]