par Thibault Marthouret
L’été caramélise les peaux,
cautérise les corps qui s’offrent,
aplatis,
parallèles,
patients en slips de bain d’un étrange hôpital,
toux rêches,
peaux sèches,
lèvres gercées,
suppliciés volontaires enduits de graisse à frire.
L’hiver rétrécit
entre deux continents cramoisis,
deux incendies épidermiques.
L’eau s’évapore des vasques cachées,
la faune est prise dans la roche.
Remords,
rejets,
espoirs désagrégés
sédimentent et calfatent les crevasses.
Les larmes qui le délayaient
ne filtrent plus jusqu’au magma.
Tout le monde bronze,
dents serrées,
et se tait.
Nous luisons, inertes,
sur l’éponge bouclette,
sur les fibres de bambou
ou ces nouveaux tissus qui absorbent tout,
chacun sur son rectangle
encadré de parapets de sable.
Il n’est plus temps de danser au bord du volcan.
[Né à Vichy (Bourbonnais/Auvergne, France, et non Vichy, Missouri, USA) en 1981, Thibault Marthouret vit à Bordeaux où il enseigne l’anglais à l’Université. Son ouvrage En perte impure, finaliste du prix de poésie de la fondation Marcel-Bleustein-Blanchet pour la vocation en 2011, est publié en 2013 aux éditions Le Citron-Gare. Fin 2018, son second livre, Qu’en moi Tokyo s’anonyme, préfacé par Patrick Autréaux, paraît aux éditions Abordo. S’ensuit Smog rosé aux éditions de l’Atelier de l’agneau en mai 2021. En 2022, l’artiste franco-mexicaine Lisa Gervassi l’invite à collaborer à son ouvrage Mommy. «éteints» est extrait du recueil Les enfants masqués, à paraître incessamment chez Abordo éditions.]