Cendres I

par Marion Tétreault-de Bellefeuille

un poison antidote traverse ton corps
tes cheveux se déversent
une plainte heureuse d’être encore en vie

trame olfactive: peaux poisseuses
bande sonore: pleurs de pertes
décors: néons bleus de froides jaquettes

je me demande;
où est passé la lavande et le lilas
le violet de ton éveil quotidien
parfum de ta routine aux chandelles
sur le papier de crin
perçait les yeux de tes oreilles
un chant grégorien entendu
loin en ce nulle part

je me demande;
où t’es-tu cachée dans le tapis
gris de ta chambre palliative
tes mains faussement reposées
sur ton ventre inerte
(j’aurais préféré te voir étoilée
ronflante bouche ouverte)

comment les saveurs
déposées en coléoptères sur ma langue
existent-elles encore sans tes mains de mère?

 

[Marion Tétreault-de Bellefeuille est aussi ecclésiastique que le patriarcat féministe. Les fesses collées sur les banc d’université, elle s’enfile autant de diplômes que de bières, dans lesquelles elle nage jusqu’à en vomir poèmes et nouvelles, tout en s’étalant toute nue dans ses textes. (Elle aime les allitérations, les parenthèses, les sites de rencontres, charrier le français, quelque chose d’autre et les énumérations.) Vous pouvez la suivre sur son blog (www.sainte-cyprine.com), dans Le Pied et Dissonances, mais pas dans la rue.]