par Chloé LaDuchesse
au commencement il y a ce vide
que je
(accueille)
de mes mains
ce que je soulève reste à affranchir
des réticences d’usage
l’invitation perdure au-
delà du jour
la langue s’effrite
je cherche à dire je
(aime)
vide la parole de ses
lieux
(<3)
je ne dis plus rien
de ce qu’il me faudrait avouer
autrement
dialogue de milles et de
distances
je joue à l’écrivante je retiens
mon souffle jusqu’à cent et retour parmi
ces heures
qui vacillent je
(abonde)
tout est prétexte à fiction
les blancs les interstices je
remplis l’aire de figures
géométriques attise les braises
discrètement altérées
(*) je
(attends)
les matines
une nouvelle aube
révèle l’élision
à la pointe du couteau je
(ausculte)
les amours calcifiées je
(ctrl+f)
un par un dépoussiérer
les mots un
rituel d’abbesse
ce que j’embrasse je
(absous)
(arrache)
aux corbeaux leurs cursives volubiles
je rends aux messagers leurs âmes et au
cosmos
ma patience d’es-
seulée
[Chloé LaDuchesse est poète et nouvelliste. Son premier recueil de poèmes, Furies, est paru chez Mémoire d’encrier à l’hiver 2017. On peut également la lire dans certaines revues et collectifs. Elle est la poète officielle de la ville du Grand Sudbury.]