par Clément Dandélion
I
Ici, tout est passé
Les aubes sont navrantes
Et vrai, j’ai trop fourré
De pailles dans mes narines
Arthur
Ici, les soleils crissent
À l’envers des rideaux
On a tiré la nuit
Jusqu’à la
Déchirure
Ici, la musique meurt
Dans des oreilles de gouffre
Et tous les yeux sont vides
Au bout des bouches tendues
Ici, il y a toujours
Un four et une assiette
Arthur
Des solacements faciles
Pour les enfants qui
Cherchent
Et je suis mort
Souvent
Au début des semaines
Et j’ai beaucoup
Maudit
Les matins
Et les peines
Arthur
Mon cœur a trop bavé
Dans des océans sales
Je suis poisseux
Comme un orage
Qui danse
J’ai peur
Mais j’avance
Fébrile
Toujours
Quand
Couvert de
Glaires
Je remonte
En souriant
Des courants
Excités
De gobie
Je passe à tigre
Puis ver
Et demi-dieu
J’ai tout un corps
Immense
Pour jouir
Encore
Du crépuscule
Vibrant
Je m’évapore
En durcissant
Le long d’un verre
Ou d’un sachet
Arthur
La gorge
Ouverte
Aux vents mauvais
Les dents qui craquent
En dévorant la Lune.
II
Tu dis Charles
Qu’il suffit
De baiser
Un tas
De femmes
Et de boire
La bière
Tu dis
Plus de bière
Encore
Qu’il suffit
D’aller aux courses
Et de gagner
Parfois
D’écouter Brahms
En tapant fort
Sur la machine
Comme Hemingway
Et les pesants
Seuls
Mais victorieux
Côtoyer
Le chemin des fous
Et la bière
Et moi
Toujours mauvais poète
J’ai tout fait
Consciencieusement
Les femmes et taper fort
Et tant et plus
Je me suis appliqué
Charles
Mais
Les petites pièces
C’est trop pour moi
J’entends grogner
Dehors
La nuit immense
Qui s’étire
Et me lèche
Le ventre
Comme
Une amphétamine
Je m’agite
C’est du feu
Dans mes mains
Bras jambes
Et j’enfile
Mes plus belles grimaces
Je cours
Charles
De fête en fête
J’écrase
Entre deux verres
L’angoisse
Des jours qui fondent
Un soleil
Pour fourrer l’autre
Et la poussière
Partout
La bière devenue
Pâte
Et moi
Qui m’effrite
Également
Regarde Charles
Comme
Je danse
Sur les cendres
Brûlantes
De mes chairs consumées
J’ai 10 000 ans déjà
Et je ne crois pas
Pouvoir
Me battre encore
Pour oublier l’oubli
Charles
Je voudrais bien
Crever
Avec un sourire bright
Et un cocktail sucré
Le long des mers du Sud
Mais
Pas tellement
À la lampe
Électrique
En n’ayant
Rien fait d’autre
Que de creuser
Seulement.
III
Dis-moi des choses
Michel
Murmure-moi à l’oreille
Comment
Les femmes
L’été
Se couchent
Lascives
À la lueur des girandoles
Parle-moi
Michel
Des oisifs sur la plage
Et des hommes bedonnants
Qui achètent
En Thaïlande
L’amour des jeunes filles
Je veux savoir
Michel
Les sexes tristes
Qui pendouillent
Tristement
Les cadres supérieurs
Aux ambitions médiocres
Et leurs épouses
Ennuyées
Les bombes
Et l’angoisse
Terrible
Du soleil et du sable
De la nuit
Qui toujours est
Pareille
Poisseuse
Et du poète
Qui frétille
De la queue
En compagnie des chiens
Sur la pop
De Bertrand Burgalat
Danser seul
Au rythme
Des
Basses insolentes
D’un petit au revoir
Au milieu des souffrances.
[Puisant son inspiration aussi bien dans la prosodie classique que dans le rap ou l’ero-guro, Clément Dandélion propose des textes crus et organiques qui parlent de choses simples de façon compliquée. Après béton furie., en accès libre sur betonfurie.tumblr.com, il prépare actuellement un second recueil bientôt disponible en fanzine.]